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                                                La Renaissance : la musique religieuse

 

Le passage du XV° au XVI° siècle s’est opéré sans coupures, la transition étant assurée par Josquin DesPrez et ses contemporains qui ouvrent la voie à la musique de la Renaissance. Divers mouvements d’idées vont traverser ce siècle (Humanisme, Réforme, Contre-Réforme) créant des nouveaux genres et des modifications dans le langage musical.

La musique, rattachée jusqu’à présent aux disciplines scientifiques du Quadrivium, passe au Trivium aux côtés des disciplines littéraires. La messe et le motet seront toujours d’actualités et en plein développement, la chanson française atteindra son âge d’or, la musique instrumentale prendra son envol alors que la production musicale est en plein essor.

                                      Chateau de Chaumont-sur-Loire, détail d'une cheminée

 

La musique vocale franco-flamande au XVI° siècle :

Au XVI° siècle, la musique sacrée catholique reprend l’héritage d’Ockeghem et de Josquin. Durant la première moitié du siècle, le motet est toujours le principal genre vocal, mais le motet avec cantus firmus devient plus rare pour laisser place à des compositions plus libres. Désormais, le texte détermine la structure et se trouve mis en musique section par section, chaque section possédant un nouveau motif en imitation à toutes les voix (c’est le principe d’imitation continue).

L’écriture musicale se densifie, dont la norme est passée à cinq ou six voix, renforçant les effets sonores imaginatifs.

Maintenant, l’expression du texte passe avant les préoccupations purement musicales.

Le motet prend dès lors un caractère grave et mystique qu’il lui était moins familier (Clemens Non Papa – v.1512/1555), motet Salvator noster).

La messe est toujours un genre en plein développement et révèlent le même art  contrapuntique que les motets. Une des formes de messe très en vogue est la messe-parodie. Si le procédé remonte au siècle précédent, celui de la Renaissance est nouveau car il consiste par l’adoption d’une pièce polyphonique complète. Plusieurs variantes peuvent être utilisées : emploi de la pièce complète, utilisation du début seul, passages libres insérés dans des parties originales fractionnées, remplacement d’une ou plusieurs voix pour en ajouter de nouvelles.

Nicolas Gombert (v. 1500-1560) utilisera une chanson de Cadéac pour sa messe-parodie Je suis déshéritée ; Andrieu Willaert (v.1480-1562) prendra des motets de Mouton pour modèle de la plupart de ses messes-parodie.

A la seconde moitié du XVI° siècle, la polyphonie franco-flamande atteint son apogée, grâce à l’œuvre de Roland de Lassus. La musique est dorénavant au service de l’expression du texte et doit en extraire les sentiments qu’il contient. Le motet et la messe possèdent toujours une écriture à cinq ou six voix mais la voix supérieure tend à gagner en autonomie alors que la voix de basse affirme les « tonalités ».

                                                          Lassus (chanson)

Les maîtres franco-flamands sont encore présents dans de nombreuses cours européennes, mais peu à peu se développe une pratique musicale indépendante à chaque pays. Roland de Lassus (1532-1594) est l’une des dernières figures musicales de l’école franco-flamande. En regard de sa vaste production (58 messes, 546 motets, 101 magnificat, 187 madrigaux, 146 chansons et multiples autres pièces), ce compositeur trouve davantage sa place dans une biographie détaillée que dans une mention de son rôle dans l’histoire de la musique.

Avec tout son talent, il sur rendre aussi bien le pathos du motet que la légèreté frivole de la chanson française. Bien qu’il fur fortement influencé par la musique italienne, son œuvre rappellent surtout celles de ses prédécesseurs franco-flamands.

  Lassus, psaume Misere mei (1560) - les enluminures représentent des scènes de l'histoire de Loth

 

L’école romaine :

En Italie, le centre le plus important de la musique sacrée est Rome, avec la somptueuse cour papale. Le nom d’Ecole romaine est donné à un groupe de compositeurs qui furent actifs à la chapelle pontificale et dont le principal représentant est Palestrina. La particularité de cette école est de mettre en pratique les décisions de la Contre-Réforme, en matière de musique sacrée, telles que le Concile de Trente (1545-1563) l’avait décidé. La Réforme catholique qui sui la Réforme protestante, est communément appelée Contre-Réforme et donne lieu à une modification des mentalités et de l’esthétique musicale en réaction contre le succès du Psautier huguenot. L’Eglise romaine se devait alors de réagir envers les abus et le modernisme, et repenser ses dogmes et son credo afin de récupérer les régions convaincues par la Réforme.

Ainsi, sur le plan musical, le Concile imposait certaines exigences :

-       La compréhension du texte, obtenue par une déclamation de style homophonique, le style polyphonique étant réservé aux passages ne comportant que peu de textes.

-       Une expression grave le rejet de cantus firmus profanes et de la parodie dans la messe (mais ce dernier précepte fut peu appliqué par les compositeurs – Palestrina ayant lui-même composé de nombreuses messes-parodie)

Ce qui explique les caractéristiques musicales de cette école usant d’un style a capella, synthétisant la polyphonie franco-flamande et la mélodie italienne, employant un rythme « régulier » et un cantus firmus appartenant au chant grégorien.

A cette réforme de la musique travaillèrent Palestrina, mais aussi Clemens Non Papa (v. 1510-1555), Morales (v. 1500-1553), Striggio (1536-1592) ou Victoria (v. 1548-1611) pour les plus fructueux.

 

                       Striggio, mouvement finale d'une partition chorale à 60 voix, pour sa Missa sopra Ecco si beato

 

L’œuvre de Palestrina (abondante et vaste par ses 450 motets, sa centaine de messes et pléthores autres pièces) est considéré comme l’apogée de la polyphonie vocale. Son style réalise d’ailleurs une très bonne synthèse entre le contrepoint, l’harmonie et la mélodie : voix autonomes, mouvement tranquille, harmonie équilibrée, emploi mesuré de dissonances…

 

L’école vénitienne :

En parallèle de Rome se développe à Venise une toute autre école dont le style repose sur la polychoralité et le style « concertant ». Le fondateur de cette école est le hollandais Adrien Willaert (1480-1562), maître de chapelle à St-Marc (1527-1562). La basilique possédait deux orgues, disposés sur des tribunes situées face à face ; très vite des musiciens jouèrent alternativement. Les organistes les plus célèbres de l’école vénitienne furent Meruto, Andrea Gabrieli (1510-1586) et Giovanni Gabrieli (1555-1612).

Le principe de polychoralité n’était pas nouveau puisque employé lors de l’exécution d’un psaume où les chœurs alternaient chaque verset, Willaert développa cette technique et de nouvelles dimensions musicales virent le jour la séparation des chœurs permit d’ouvrir l’espace acoustique, et de cette manière une distribution différente des chœurs et instruments fut à l’origine du principe « concertant » de l’époque baroque.

                                                   Andrea et Giovanni Gabrieli, Concerti

 

L’Espagne :

Dans la péninsule ibérique, la musique sacrée est surtout liée à la tradition franco-flamande (Gombert, Créquillon) et italienne (Morales, Victoria). Victoria a cependant le mérite d’avoir réalisé une synthèse dans laquelle la musique ibérique acquiert un certain relief.

 

L’Allemagne :

La Réforme est avant tout un mouvement de remise en question, à une époque très préoccupée par des problèmes religieux. A l’origine, les Thèses de Martin Luther (octobre 1517) et leur propagande rapide dans le reste de l’Allemagne, les pays nordiques, en Suisse et en Alsace. En deux ans, cette pensée est comme en France et un projet de Réforme de l’Eglise s’élabore.

                                                                         Martin Luther

Dès 1524, la messe est célébrée en langue vernaculaire (en allemand) et très vite le répertoire nouveau des chants et la liturgie sont fixés. En France et en Suisse, la Réforme s’organise autour de Clément Marot et Calvin (cela aboutit au psautier huguenot).

En Allemagne, la Réforme protestante suscite une véritable révolution et à travers Luther, une nouvelle vie musicale religieuse s’organise, excluant le caractère populaire pour toute composition. Les textes de ces musiques sont rédigés en allemand ; il s’agit essentiellement de paraphrases de Psaumes et de quelques textes poétiques originaux ; Quant au répertoire mélodique, il est pour la plupart issu des Kirchenlieder (cantiques), des Leise, des Marienlieder… Parmi les collaborateurs et continuateurs du mouvement luthérien, H.L. Hassler (1564-1612), Praetorius (1571-1621), J.H Schein (1586-1630).

                                                                                                                                                                                                              

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