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                                                        Félix Mendelssohn (1809 - 1847)

 

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Contemporain de Schumann, Berlioz, Chopin… Félix Mendelssohn exerça une très forte influence sur la vie musicale de son temps, remettant à l’honneur des œuvres de Bach et Haendel et en donnant des interprétations « modèles » des symphonies de Beethoven et des opéras de Mozart. Sa science de l’écriture, ses dons de mélodistes, sa grande culture du passé nourrissent une œuvre d’une rare perfection, considérée classique par certains. Même si Mendelssohn se révèle être un musicien classique, sa sensibilité est avant tout celle d’un artiste romantique.

 

Un musicien précoce :

Jacob Ludwig Félix Mendelssohn est né le 3 février 1809 à Hambourg. Avec une famille aisée et cultivée – son père était un banquier prospère, sa mère une artiste musicienne et son grand-père (paternel) n’était autre que le célèbre philosophe Moses Mendelssohn – le jeune Mendelssohn avait tout le savoir pour exercer son futur talent.

A cette époque, alors que l’Allemagne basculait dans l’antisémitisme, le père Mendelssohn convertit sa famille au protestantisme et adopta le nom de Bartholdy (issu d’une petite terre familiale) à celui de Mendelssohn. Ainsi, l’enfant Jacob Mendelssohn devint pour ses contemporains et la postérité, Félix Mendelssohn-Bartholdy.

En 1811 la famille déménagea à Berlin, où Félix et sa sœur aînée Fanny reçurent leurs premières leçons de piano avec leur mère. Très tôt, ils profitèrent de l’enseignement des meilleurs professeurs et excellèrent  tant dans la musique que dans leurs études ou divers centres d’intérêt ; ainsi le jeune Mendelssohn montrait-il également des prédispositions pour l’art plastique (dessin et peinture).

 

                                                      Fanny Mendelssohn-Bartholdy

 

Félix n’a que sept ans lorsque Fanny et lui suivent leur père à Paris où ils reçurent le temps d’un séjour les leçons de Marie Bigot (Beethoven lui avait donné le manuscrit de la Sonate Appassionata). Il est âgé de dix ans seulement lorsque Carl Friedrich Zelter (1758-1832) devint son précepteur pour les matières musicales. Avec son maître, également directeur de la Singakademie de Berlin, il apprit Bach et Haendel ainsi que les grands compositeurs de musique sacrée.

C’est également Zelter qui présenta son jeune prodige à son ami Goethe alors que Félix n’avait que douze ans ; Goethe le recevra à Weimar à chacun de ses passages. Son amitié reste une énigme de la part de Goethe, lui qui a refusé Beethoven, Schubert, Weber…

 

                                                       Mendelssohn à l'âge de 12 ans

 

A quinze ans, Zelter lui déclare : « Au nom de Mozart, de Haydn et du vieux Bach, je te proclame mon confrère ».

De nombreuses compositions jalonnent ces années de formation : trois Quatuors pour piano et cordes op.1 à 3, Sextuor pour piano et cordes op.110, Octuor pour cordes op.20, premier Concerto pour piano et orchestre en la mineur… et premières tentatives vers l’opéra.

En 1825, il fait de nouveau un séjour à Paris où il rencontre Meyerbeer et Cherubini. Ce dernier déclarera devant les premières compositions de Félix : « Ce garçon est riche, il fera bien, il fait déjà très bien mais il dépense trop d’argent, il met trop d’étoffe à son habit ».

 

                               Concerto pour deux pianos

 

Une solide réputation :

En 1826, Mendelssohn va révéler sa vraie dimension de compositeur en composant l’Ouverture du Songe d’une nuit d’été ; il n’a que 17 ans et suit encore des cours à l’Université de Berlin. L’œuvre fut créée le 20 février 1827 à Stellin, sous la direction de Carl Loewe (1796-1869). Schumann la définira comme une « ruissellement de jeunesse », car son habileté musicale n’est pas sans évoquer Weber, la vitalité de Rossini ou les couleurs de Schubert.

Le nom de Mendelssohn est désormais connu pour la composition, également en tant que pianiste, et à l’âge de vingt ans, comme chef d’orchestre. Le 11 mars 1829, un siècle jour pour jour après sa création, il dirige la Passion selon Saint Matthieu de J.S. Bach. Grâce à lui, un nouvel élan est donné à la musique de Bach, au cours du XIX° siècle.

Les années d’apprentissage prennent officiellement fin ; Mendelssohn aborde aussitôt ses années de voyage, en visitant l’Angleterre et l’Ecosse qui allaient lui inspirer la Symphonie Réformation et des esquisses pour l’Ouverture des Hébrides (dite également la Grotte de Fingal) et la Symphonie Ecossaise.

Il s’envolera ensuite pour l’Italie (Venise, Florence, Rom, Naples, Pompéi), se lie à Berlioz en séjour à la Villa Médicis, puis gagne Paris où il rencontre Chopin et Liszt. De ces voyages, il revient dans ses bagages avec la Symphonie italienne et un thème faustien « la Première nuit de Walpurgis » - peut-on y déceler l’influence de Berlioz qui est tout absorbé dès 1828 par ses Huit Scènes de Faust  ?

 

                                                              

 

Félix Mendelssohn a vingt ans et déjà, comme Mozart, il a forgé ses principales signatures. Son style s’engage autour du contrepoint, de la fugue dramatique, des cantilènes longues et souples, des rythmes de marche et de fanfare typiquement romantiques, sans compter sur son talent de transmuer l’image en musique.

A son retour de voyage, Mendelssohn se fixe définitivement en Allemagne et commence une vie publique vouée à la musique de son pays et à sa défense. Il accepte les fonctions de directeur du festival des pays du Bas-Rhin à Düsseldorf et celle de directeur de l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig.

Grâce à lui, Mozart, Beethoven et Weber deviennent ses favoris lors de la programmation des concerts, l’oratorio est remis à l’honneur et redécouvert (le Messie, Israël en Egypte de Haendel ; la Création, les Saisons de Haydn) – lui-même composera deux oratorios, Paulus (1836) et Elias (1844) – et Bach est imposé au concert tant par la Passion selon Saint-Matthieu que les œuvres d’orgues ou les concertos.

Il justifie d’ailleurs son credo pour le classicisme intemporel : « Pour qu’une chose ait du caractère, de la beauté et de la grandeur, il faut qu’elle n’ait qu’un seul aspect, pourvu que cet aspect unique soit porté à sa plus haute perfection. »

Dans les compositions musicales de cette période, Mendelssohn attache une préférence nette pour le genre concertant, avec les Concertstücke pour clarinette, cor de basset et cordes, le Capriccio brillant op.22 pour piano, le Rondo brillant op.29 ou le Concerto pour piano en sol mineur op.25.

En matière de musique orchestrale, il est fortement attiré par le grand orchestre, cherchant à varier les effets, les styles et tirer parti de toutes les solutions possibles de sa personnalité artistique.

Durant ces années, le lied prend également une place de premier choix dans son bagage musical dont le meilleur exemple est Des Lieder un Gesänge op.19a (1834).

 

        Aquarelle de  Mendelssohn : Thomastantorei in Leipzig (1838)

 

Musique de chambre, musique symphonique, musique concertante et vocale. Mendelssohn compose dans tous les genres. Il arrive toutefois à un âge où il se préoccupe sérieusement d’opéra : « Ecrire un opéra, c’est mon désir de tous les jours. (…) Si tu connais un homme capable de me faire un libretto, indique-le moi. » Mais il est pourvu d’une lucidité à toute épreuve : « Je sens très bien qu’un opéra que j’écrirais à présent ne vaudrait pas, à beaucoup près, un second que je composerais ensuite, et cependant je sens aussi que je dois m’engager dans la voie nouvelle. » C’est pourquoi l’oratorio représente alors une alternative honorable à l’opéra et qu’il souhaitait réitérer les exploits de Haendel ou Haydn avec une œuvre de son cru.

 

Un homme surchargé :

Mendelssohn s’investit beaucoup dans la musique ancienne, certes, mais sert avec la même passion la musique de son temps : il crée la Grande Symphonie en ut majeur de Schubert, la Première Symphonie de Schumann, le Concerto pour piano de Schumann avec Clara au piano, et se met à disposition de Berlioz lorsque celui-ci dirige sa Symphonie Fantastique à Leipzig.

 

Mendelssohn mène une activité musicale intense, se partage entre Leipzig et Berlin où il est maître de Chapelle du roi de Prusse, retourne régulièrement à Londres où ses œuvres sont toujours très attendues et tente de concilier le tout avec une vie de famille ; en 1837 il a épousé Cécile Jeanrenaud, fille d’un pasteur émigré, et aura cinq enfants de cette union, ce qui d’une certaine manière va le stabiliser.

Il est aussi à l’origine de la création d’un conservatoire de musique à Leipzig ; après trois années d’efforts, le bâtiment ouvre ses portes en 1843, présidé par Mendelssohn qui se partage avec Schumann la chaire de composition et de piano. Son ami Ferdinand David a en charge la classe de violon ; il sera l’année suivante le dédicataire du Concerto pour violon op.64, l’un des plus grands fleurons du répertoire violonistique.

Son emploi du temps étant surchargé, Mendelssohn ne cesse de composer, mais se tourne vers les pièces brèves ; ainsi laisse-t-il huit cahiers de Romances sans paroles (Lieder ohne Worte). C’est donc pour le piano qu’il livre le meilleur de son imagination (Variations sérieuses op.54, 1841).

De même qu’en deça de toutes ses fonctions, il donne de nombreuses leçons, étant sollicité depuis plusieurs années en tant que pédagogue.

 

         Canzone pour piano, le 2/11/1840

 

Mendelssohn est harcelé de travail toutes ces années et malgré lui, la composition se fait plus rare, le travail symphonique s’amenuise. Sa dernière symphonie « Lobgesang » date de 1840. En revanche, la musique de chambre n’y perd pas : « Un domaine très important de la musique de pianoforte, que j’aime particulièrement – trios, quatuors ou autres morceaux avec accompagnement d’instruments à cordes – est assez négligé aujourd’hui, et je suis très conscient du manque de quelque chose dans ce genre. J’aimerais y remédier un peu. C’est dans cette intention que j’ai récemment écrit une Sonate pour le violon, une autre pour le violoncelle, et je pense maintenant écrire un ou deux trios » (à Hiller, août 1838).

Ainsi compose-t-il le Quintette pour cordes en si majeur op.87 (1845) et le Quatuor à cordes en la mineur op.80(1847), composé suite à la mort de sa sœur Fanny le 14 mai 1847 et dans lequel il livre toute la douleur ressentie par cette perte.

Mendelssohn est un homme épuisé qui doit aussi faire face aux caprices du roi de Prusse, conscient que son compositeur peut à lui seul redresser le niveau musical de Berlin. Il compose alors force musiques liturgiques et musique  de cour – de scène en l’occurrence. Le roi le nommera même Generalmusikdirektor de sa musique religieuse, mais Mendelssohn démissionnera de ce poste, abandonnant le roi et un corps de musique (la chorale) considéré comme mauvais.

 

Il s’en retournera aussitôt à Leipzig, pour ses derniers instants. Après la tragédie de Fanny survenue, après les disparitions successives de ses parents, Mendelssohn meurt à son tour, le 4 novembre 1847, d’une attaque cérébrale, comme sa sœur.

 

                         Dernière demeure de Mendelssohn à Leipzig

 

Mendelssohn  est un grand compositeur, laissant derrière lui des œuvres qui bouleversèrent la musique. Sa plus grande révolution fut toutefois sur ses prises de positions et son action pour le développement de la musique. En cela sa vie est une œuvre. Il y eut un avant Mendelssohn et il y eut un après. En cela, Mendelssohn  est un romantique

                                                                                                                                                                                           

 

  
 

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