Accueil
Compositeurs
Hist. de la musique
Analyse
Liens
Partenaires
Contact

 

 

    

                                                                 Bohuslav Martinu (1890 - 1959)

 

Bohuslav Martinů est l’un des grands noms de la musique Bohême. Aux côtés de Smetana, Dvořák et Janaček, après Villa-Lobos et Milhaud, il est l’un des musiciens les plus féconds du XX° siècle. Si nombre de ses œuvres sont demeurées longtemps inédites, sa production totalise néanmoins plus de quatre cents ouvrages, dans tous les genres et relève de maintes influences, allant du folklore tchèque au debussysme français en passant par le madrigal anglais de la Renaissance et surtout du concerto grosso de l’époque baroque. De ces influences hétérogènes son langage est devenu éclectique faisant de lui un compositeur remarquable, s’inscrivant dans les courants de son temps.

 

 

La vie de Bohuslav Martinů :

 

           Martinu en 1895

 

Bohuslav Martinů est né le 8 décembre 1890 à Policka, en Bohème, au sein d’une famille modeste. Il apprit la musique très tôt auprès du professeur de musique du village qui remarqua très vite le talent du jeune garçon et l’encourage à composer. Martinů n’oubliera jamais ce premier professeur.

A l’âge de seize ans, sa mère l’emmena à Prague afin de le présenter aux professionnels de la musique. C’est ainsi que Bohuslav partit pour la capitale avec son violon et son premier quatuor à cordes. Quelques mois après cette visite encourageante, il faisait son entrée au Conservatoire de Prague où il eut Joseph Suk comme professeur. Mais ses études ne se passaient pas  bien : il échoue à ses examens lors de sa deuxième année. Devant ces échecs, il quitte le Conservatoire et continue ses études en autodidactes.

Il lit beaucoup, étudie les partitions, assiste à pléthores concerts et compose quotidiennement. Il s’enrichit des musiques de Richard Strauss, Bruckner, Debussy, Stravinsky, Schoenberg ou Bartók, compositeurs qui donnaient eux-mêmes des concerts de leurs œuvres dans les salles de concert de Prague. Au même moment, Martinů commence à faire jouer ses œuvres en public, qui recueillent un accueil favorable chez la plupart des musiciens de Prague.

Après la Première Guerre Mondiale, Martinů devint second violoniste à l'orchestre philharmonique tchèque. Là, il apprend à maîtriser la composition musicale pour grand orchestre ; il écrit sa Rhapsodie tchèque pour solo, chœur et orchestre, interprétée par le philharmonique en 1919. Il apprit également à connaître la musique de Ravel, Dukas et surtout Roussel.

Alors que Prague était encore baignée d’une atmosphère post-romantique, le jeune compositeur n’arrivait pas à trouver son langage. C’est lors d’une interprétation avec son orchestre du Poème de la forêt de Roussel en 1923 que Martinů prit un tournant décisif. Muni d’une modeste bourse, il s’embarqua pour Paris, désireux de suivre l’enseignement d’Albert Roussel qui l’accepta comme élève au vu de ses premiers essais. « Ce que je suis venu chercher, devait-il déclarer, c’était l’ordre, la clarté, la mesure, le goût et l’expression directe, exacte et sensible, les qualités de l’art français que j’ai toujours admirées. »

Martinů ne devait rester que quelques semaines à Paris. Finalement, il y restera dix-sept ans. Il se maria avec Charlotte Quennehen et fréquenta le groupe de musiciens d’Europe centrale de l’école de Paris.

Pendant ses années parisiennes, il composa un grand nombre d'œuvres, parmi lesquelles Polocas et La Bagarre, deux morceaux pour orchestre, mais aussi un opéra, Vojak a tanecnice (Le soldat et la danseuse), plusieurs ballets et de la musique de chambre. En 1935, il reçut le Prix de l'Etat Tchécoslovaque pour un autre opéra, Hry o Marii (Le miracle de Notre Dame). L'un de ses plus célèbres opéras, Julietta aneb Snar (Juliette ou la clé des songes) fut présenté pour la première fois au public praguois cette même année et devint le point culminant de ses œuvres composées jusque-là.

Durant toutes ces années, Martinů prend possession de son langage. Fortement influencée par la musique tchèque, les danses, la polka, le jazz, sa musique est essentiellement rythmique, tirant de nombreuses fois sur le néoclassicisme.

 

           Les années parisiennes de Martinů s’achèvent avec le déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale. Après le démembrement de la Tchécoslovaquie et le début de cette guerre, il fut mis sur liste noire des nazis pour ses activités patriotiques. En 1940, il connut l’exode avec sa femme à travers la France, puis s’en alla en Suisse avant de s’embarquer pour les Etats-Unis. Durant toute cette période, il continua à composer, réussissant à écrire une musique pleine de force. Parmi les œuvres de cette époque, la Sinfonietta giocosa pour piano et orchestre et la Fantasia et Toccata pour piano seul.

Une fois aux Etats-Unis (1941), Bohuslav eut la chance de trouver un appui généreux en la personne de Serge Koussevitski qui lui obtint une chaire de composition à l’Université de Princeton et la commande d’une œuvre, la Première Symphonie (1942). Quatre autres Symphonies suivront cette commande (1942-1946).

A la libération de la Tchécoslovaquie, il se voit offrir une chaire de composition à Prague, mais Martinů retenu aux Etats-Unis à la suite d’un accident ne put honorer cette fonction. D’ailleurs, il ne reverra jamais sa patrie. Il compose alors sans arrêt, enchaînant les concertos, les pièces concertantes, les sonates, les quatuors et quintettes…

 

En 1953, Martinů quitte les Etats-Unis et partage son temps entre Rome, Nice et Bâle. Il écrit toujours un nombre incalculable de compositions, s’orientant vers une sorte de néo-impressionnisme romantique telles que l’indiquent ses œuvres à programme ou ses opéras : De quoi vivent les hommes d’après Tolstoï (1952, opéra télévisé), le Mariage d’après Gogol (1952, opéra télévisé), l’Epopée de Gilgamesh (1955), Mirandolina d’après La Locandiera de Goldoni (1959, créée à Prague), Ariane d’après Georges Neveux (1958, créée en 1961), la Passion grecque (1956-1959, créée à Zurich en 1961). Mais aussi des pages symphoniques avec une Sixième Symphonie « Fantaisies symphoniques » (1951-1953), les Fresques de Piero della Francesca (1953) et les Paraboles (1957-1958).

Depuis 1958, Martinů est atteint d’un cancer. Il décède le 28 août 1959 à Liestal en Suisse. Lors de ses funérailles, il sera dit : « Sa musique est la musique de notre temps, car elle exprime des problèmes de base profonds ; elle porte le sceau de l’individualité, ce qui lui permet de se distinguer des autres musiques, et garantit sa mémoire. »

 

Le langage musical de Martinů :

Le langage de Martinů tire ses origines du folklore tchèque mais ne le cite jamais réellement. Même si ce côté morave le place aux côtés du lyrisme de Janaček, il cite également l’impressionnisme français (Debussy ou Roussel), l’influence anglaise (le madrigal de la Renaissance) et le néoclassicisme de Stravinsky sans oubliés les danses et chants noirs américains.

L’essence même de ses pages symphoniques est issue du vieux concerto grosso baroque, reprenant dans ses concertos une utilisation originelle du piano, à mi-chemin entre le soliste et la « basse continue ».

Sur le plan harmonique, à la suite de Nielsen ou Mahler, Martinů adopte le concept de tonalité évolutive : par exemple ses symphonies ne se terminent pas dans la tonalité dans laquelle elles ont commencé.

Installée à Prague en 1995, la Fondation Bohuslav Martinů crée un département d’études réservé aux chercheurs désirant travailler sur son œuvre, mettant ainsi à disposition partitions, documents ou enregistrements.

                                                                                                          

  
 

                                                      ©ars-classical - Toute reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur