Accueil
Compositeurs
Hist. de la musique
Analyse
Liens
Partenaires
Contact

                                                                          Le XV° siècle :

 

Le XV° siècle est une période sombre, marquée par la guerre de Cent Ans (1337 / 1453), l’apparition de Jeanne d’Arc, le sacre de Charles VII et l’extension territoriale de la Cour de Bourgogne. Sur le plan musical, cela se traduit par un déplacement des centres d’intérêt vers le Nord et l’Est et donc la multiplication des échanges entre les artistes français, flamands, bourguignons et anglais.

La musique, comme la peinture, va évoluer vers un langage international. Cela va accentuer avec le retour de la Papauté à Rome, car désormais c’est à Rome que va se situer tout passage obligé pour le musicien franco-flamands ou bourguignon, et que vont s’interpénétrer toutes les tendances de la musique occidentale. Les échanges européens sont alors prépondérants comme on peut le constater avec Guillaume Dufay (v. 1400 6 1474).

 

La musique liturgique :

Parmi les échanges les plus productifs, il faut compter sur l’Angleterre qui, grâce à la présence de Dunstable (v. 1380 – 1453) sur le sol français, fera profiter de la contenance anglaise avec une harmonisation en tierces et en sixte et une coloration du cantus (ou ornementation du chant grégorien).

De même, après les excès de Machaut, Philippe de Vitry et leurs contemporains, les musiciens vont opter pour une simplification des rythmes, de la notation et de la mélodie. Cela explique peut-être le regain d’intérêt manifeste en faveur de la musique religieuse et qu’elle soit le lieu des nouvelles recherches. Les évolutions musicales se succèdent.

                                                        Jeanne d'Arc

Grâce aux maîtrises des cathédrales qui fleurissent un peu partout – à noter que la plus importante de l’époque était celle de Cambrai – le motet redevient latin, religieux, monotextuel et retrouve une polyphonie équilibrée.

La messe voit, elle, son cadre s’affirmer, tendant vers l’unité par l’adoption d’une seule teneur commence à toutes les pièces, religieuse ou profane (par exemple la chanson l’Homme armé). A partir et avec Dufay, la messe possède une polyphonie à quatre voix (Basse-Tenor-Altus-Superius), cinq parties fondées sur une mélodie issu d’un répertoire existant ; c’est ce que l’on appelle une messe unitaire. Parmi les exemples les plus connus, les messes Ce la face ay pale et l’Homme armé de Dufay, les messes Ma maîtresse, De plus en plus et Au travail suis d’Ockeghem ou les messes Baudichon ou Fort seulement de Josquin DesPrez.

La messe-parodie, un grand classique du XVI° siècle, apparaît à son tour : elle consiste à emprunter les matériaux mélodiques, rythmiques et la texture contrapuntique. Le compositeur peut ainsi choisir une œuvre polyphonique comme base de la nouvelle messe ; le répertoire n’en était que plus varié. Parmi les autres types de messes, il existe la messe-paraphrase, qui, à l’instar de la messe-parodie, emprunte la voix de superius, et non les quatre voix (Messe Pangue Lingua, de Josquin).

 

L’écriture musicale se simplifie mais se diversifie par l’emploi de jeux musicaux, une des spécialités de Jean Ockeghem (v. 1425 – 1495) qui multiplie dans ses œuvres les canons, les imitations, les jeux (par exemple sa messe Hercules dux Ferrarie est construite sur les voyelles musicales et le nom des notes). Les jeux sont adaptés en fonction des artistes et de leur époque, mais ce qui reste constant, c’est que la musique est avant tout une activité intellectuelle. Précurseur du leitmotiv, il existe au XV° siècle le Kopfmotiv, ou « motif de tête » ; placé en début de pièce et unifié de pièce en pièce, il se retrouve dans toutes les pièces de la messe (Messe Mi-Mi d’Ockeghem).

 

La musique profane :

Au XV° siècle, trois domaines s’ouvrent aux compositeurs : la messe, le motet et la chanson. Bien qu’elle soit reléguée à un genre mineur, la chanson reste très en vogue et semble même conformer son inspiration à des œuvres de caractère religieux ; mélancolie, tristesse, regrets deviennent des thèmes à la mode.

Trois types de chansons ont principalement retenus l’attention des musiciens : la ballade, le rondeau, le virelai ; le rondeau est le favori, le virelai restera en vogue jusqu’à la fin du siècle alors que la ballade va s’effacer de la vie musicale vers 1440.

                                                          Baude Cordier, Belle, bonne, sage

Musicalement, ces chansons sont à trois voix avec une partie supérieure qui domine la mélodie. Toutefois, le cadre formel de ces chansons se sont agrandies, la musique se fait plus mélodique, plus souple, dotée d’un rythme simple et de courbes amples. Les rapports texte-musique s’accentuent, la musique s’humanise, l’expression des émotions se développe.

                                                             tapisserie (XV° siècle)

Les compositeurs franco-flamands exercèrent une influence considérable en Italie ; pays ou nombre d’entre eux vécurent y imposant leur technique contrapuntique et y assimilant les pratiques musicales en cours. Ces pratiques sont pour la plupart des chants profanes populaires, de structure strophique, comme la frottola, le strambotto, la villotta, la canzone e ballo.

En Allemagne, des formes comme le Volkslied se développent peu à peu, notamment sous l’influence du moine Hermann et d’Oswald von Wolkenstein. De même que l’art des Meistergesang, de contenu savant et moralisant, commencent à s’affirmer dans les classes bourgeoises des villes.

 

                                                  Chateau de Chenonceau (XV° siècle)

 

La musique instrumentale :

Jusqu’à l’époque baroque, la musique instrumentale était largement improvisée. Elle n’était pas autonome et se devait d’accompagner la danse ou le chant. A la fin du XV° siècle, la pratique de la transcription pour luth – instrument domestique par excellence à cette époque – de compositions polyphoniques vocales devient d’un usage courant.

En Allemagne s’établit au XV° siècle une tradition de la musique d’orgue où des tablatures et des méthodes fournissent des indications pour les transcriptions, l’arrangement d’un cantus firmus, l’improvisation. Konrad Paumann (v. 1415 – 1473) est l’auteur de l’une  des plus anciennes méthodes d’orgue.

L’école franco-flamande-bourguignonne a apporté une solution aux excès de l’Ars Nova par tout un processus de simplification. Grâce à Dufay et Ockeghem, l’héritage musical avec ses trois formes génériques (messe, motet, chanson) prépare le siècle suivant et ouvrent la voie à Josquin DesPrez (v. 1440 – 1521), le premier musicien des temps modernes.

  

Le XV° siècle en Europe :

L’on aurait tort de limiter la musique du XV° siècle à trois compositeurs seulement. Dufay, Ockeghem et Josquin sont certes des piliers pour cette époque, mais il ne faut pas oublier tous ceux qui ajoutèrent également leur petite contribution à l’Histoire :

-              Gilles Binchois (v. 1400-1460) peut se vanter d’avoir surpassé Dufay dans plusieurs chansons polyphoniques, par son intensité expressive et sa perfection formelle.

-              Antoine Busnois (v. 1430-1492), élève d’Ockeghem il compte parmi les compositeurs les plus typiques du raffinement de l’école bourguignonne.

-              Alexandre Agricola (1446-1506) contrapuntiste raffiné et élégant, porté vers une écriture rythmiquement variée et riche en timbres instrumentaux

-              Loyset Compère (1450-1518) compositeur aimant fusionner les nouvelles tendances italiennes avec la tradition de Dufay. Considéré comme le représentant majeur de la chanson française avant Janequin.

-              Jean Mouton (1459-1522) représente l’un des plus grands musiciens français de la fin du XV° siècle et du début du XVI° siècle, apprécié pour sa science contrapuntique et son habileté dans l’art du canon.

-              Pierre de la Rue (1460-1518) est placé souvent aux côtés de Josquin. Il sut anticiper la pratique du coro battente (chœur battant).

-              Jacob Obrecht (1458-1505) : cf. biographie

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                               

                                                                                                                                                                                                                          

RetourSuite
 

                                                ©ars-classical - Toute reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur