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Steve Reich (1936 - /)

 

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Steve Reich est l’un des chefs de file du courant minimaliste de la musique répétitive. Ses premières œuvres sont élaborées sur le principe du décalage, directement lié au travail sur bandes magnétiques puis appliqué aux instruments. L’enregistrement devient le matériau musical où les sons sont travaillés en boucle. Il explore aussi la répétition de motifs mélodiques et rythmiques. Ses recherches l’amènent également à s’intéresser aux musiques traditionnelles (ghanéennes, balinaises et hébraïques) et à adopter les nouvelles technologies musicales (synthétiseur, sampler…).

 

A la découverte de la musique :          

Steve Reich est né le 3 octobre 1936 à New York, d’une mère chanteuse et d’un père compositeur pour des spectacles de Broadway. A l’âge de sept ans, il reçoit ses premiers cours de piano et son attention se porte déjà sur la musique populaire et les grands classiques. A l’adolescence, il découvre Stravinsky (le Sacre du printemps) et Jean-Sébastien Bach (Concertos Brandebourgeois) puis Bartok et Webern. Ensuite, il est introduit par l’un de ses amis dans l’univers du jazz (Charlie Parker et Miles Davies) et fonde très vite un groupe de jazz dont il sera le batteur ; il travaille notamment les percussions pendant trois années.

Diplômé en philosophie de la Cornell University (1957), il renonce à une carrière universitaire pour aller étudier à la Julliard School of Music de New York. De 1958 à 1961, il étudie la composition, prend des leçons avec Hall Overton (pianiste de jazz et de musique contemporaine) et fait la connaissance de Philip Glass. En 1961, il s’inscrit au Mills College, à Oakland près de San Francisco et suit l’enseignement de Milhaud et Berio avec lequel il découvre l’univers atonal de Maderna, Webern ou Boulez.

Toutefois, il n’est pas convaincu par cette musique complexe (qu’il juge trop difficile pour l’auditeur) et se penche davantage sur la musique concrète et électronique (au San Francisco Tape Music Center). Il découvre également le cinéma expérimental et compose sa première œuvre pour bande pour le film The Plastic Haircut, de Robert Nelson ; il collabore une seconde fois avec le cinéaste pour Oh Dem Waterlons (1964).

 

Formation de son langage :          

En 1964, Steve Reich participe à la musique de InC de Terry Riley, l’œuvre fondatrice du minimalisme répétitif en musique. L’année suivante, il commence à créer ses premières œuvres pour bande magnétique : It’s gonna rain (1965), Come Out (1966) dans lesquelles il porte ses recherches sur des procédures de déphasages graduels en boucle. C’est alors qu’il se rend compte que, pour une interprétation de ses œuvres, il doit avoir à sa disposition un ensemble de musiciens ; il fonde le Steve Reich and Musiciens (1966) où il tient parfois le clavier et la percussion.

Dans les années suivantes, il compose successivement Piano Phase pour deux pianos (1967), Violon Phase pour violon et bande magnétique (1967), Four Organs et Phase Patterns pour quatre orgues électriques (1970), et se tourne vers les musiques d’Afrique ou de Bali.

En 1970, il bénéficie d’une bourse d’étude de l’Institute for international education, qui lui permet de s’inscrire à des cours de percussion de l’Institut des études africaines de l’Université de Ghana à Accra. En 1973/1974, il travaille la technique des gamelans balinais et en 1976/1977, il s’intéresse aux formes traditionnelles de la cantilation des écritures hébraïques. De ces années d’apprentissage naissent Six Pianos (1973), Music for 18 musicians pour ensemble et voix (1976), Tehillim pour trois voix de femmes et ensemble instrumental (1981) et Desert Music (1984) pour orchestre et chœur.

Music for 18 musicians (1976) est l’une des rares œuvres du XX° siècle à avoir modifié le cours de la musique occidentale. Steve Reich admet d’ailleurs que cette œuvre « marque une crète dans sa carrière de trente années ». On y entend des couleurs tropicales, de voix féminines sans paroles se mêlant aux sons des instruments et surtout un langage harmonique élargit qui ne lui ressemble pas : « il y a plus de mouvements harmoniques dans les cinq premières minutes de Music for 18 musicians que dans chacune de mes œuvres complètes à ce jour. »

 

Une renommée internationale :  

Dès 1974, les événements se précipitent pour Steve Reich : il publie ses Writings about music (recueil d’essais et de notes de programme sur ses œuvres et la musique, 1974), est nommé artiste en résidence à Berlin (1974) et est successivement lauréat du New York State Council of the arts (1974/1976), du Guggenheim Fellowship (1978), de la Rockefeller Foundation. Les commandes d’œuvres et les propositions se multiplient et le Steve Reich and musicians donne de nombreux concerts.

Le compositeur s’engage ensuite dans de nouvelles voies : il s’intéresse à des cycles rythmiques infinis, fait des recherches sur les timbres, donnant ainsi naissance à des œuvres telles que Octet (1979), Sextet (1986), the Four sections (1987). Avec Different Trains pour quatuor à cordes et bande magnétique (1988) apparaît un nouveau mode de composition, où les paroles et les textes préenregistrés génèrent le matériau musical des instrumentistes. Il utilise des extraits d’enregistrements de témoignages et la mélodie des intonations de paroles est reprise immédiatement pour le quatuor, créant ainsi des « portraits musicaux » des personnes interrogées. Il reçoit d’ailleurs un Grammy Award de la meilleure composition contemporaine en 1990.

Ce concept se prolonge par la suite et trouve son épanouissement dans The Cave (1993), un spectacle multimédia réalisé en collaboration avec Beryl Korot sur un thème du caveau des patriarches d’Hébron et dont la création mondiale eut lieu à Vienne le 15 mai 1993.

 

En 1995, Steve Reich revient au plus haut avec City Life pour ensemble instrumental et sampler, une œuvre riche en densité et qui réalise la synthèse de ses recherches musicales et de ses premières expérimentations. Ecrit pour deux flûtes, deux clarinettes, deux pianos, deux claviers à échantillons, trois (ou quatre) instruments à percussion, un quatuor à cordes et une contrebasse, cette œuvre propose des échantillons de paroles (conversations enregistrées lors d’un attentat à la bombe sur le World Trade Center le 26 février 1993), des klaxons, des claquements de porte, des freins pneumatiques, des sonneries de métro, des battements de cœur, des sirènes de pompiers et de police…  Contrairement à Different Trains  et The Cave, les sons préenregistrés sont joués en direct ; aucune bande n’est utilisée.

Après Proverb (pour cinq voix, deux claviers et deux percussions, 1995), et Three Tales (son opéra-video présenté en 1997 et crée à Vienne en 2002), l’actualité de Steve Reich se situe dans le cadre des musiques actuelles. En effet, en 1998, la crème des musiciens de musique électronique lui rend hommage, en participant à l’album Reich Remixed.

 

Steve Reich est un compositeur reconnu mondialement ; c’est pourquoi il se voit déceler le prix de l’American Academy of Arts and Letters (1994) et le Titre de Commandeur de l’ordre des Arts et Lettres (1999). En 2007, il a également partagé le Polar Music Prize avec Sonny Rollins.

En 1999, Steve Reich propose Triple Quartet. Il existe trois versions de cette œuvre : une pour quatuor à cordes, une autre pour trois quatuors à cordes (douze exécutants) et une troisième version pour orchestre à cordes (trente-six exécutants). La principale inspiration de cette pièce en trois mouvements vient du dernier mouvement du quatrième quatuor à cordes de Bartok, puis de l’œuvre pour quatuor à cordes de Schnittke. Il en résulte que Triple Quartet est une pièce considérablement plus dissonante et expressionniste que toute autre de ses œuvres. Triple Quartet s’articule principalement autour de formes en variations (premier mouvement), de canons et contrepoint (second mouvement) et de cycles harmoniques complexes (dernier mouvement).

Composé de 1998 à 2002, Steve Reich tente une nouvelle fois le concept de l’opéra-video avec Three Tales, un triptyque réalisé en collaboration avec Beryl Korot. Il aborde ici les divers domaines scientifiques qui ont marqué et dominé le XX° siècle : le premier volet, Hindenburg, délimite le contexte historique (Paul von Hindeburg, président de la république de Weimar nomme Hitler chancelier en 1933), le second intitulé Bikini évoque l’atoll atomise en 1946 et le troisième, dit Dolly, fait référence à la première brebis née par clonage en Ecosse (1997).

Avec You Are (Variations), crée en octobre 2004, Steve Reich revient sur l’utilisation d’ensembles vocaux. L’année 2006 est particulièrement importante pour le monde musical qui s’évertue à fêter comme il se doit le soixante-dixième anniversaire du compositeur ; il obtient d’ailleurs le prix Praemium Imperiale, catégorie musique, décerné par le Japan Association à Tokyo.

 

Ainsi, depuis le début des années 1960, Steve Reich s’est fait le porte-drapeau de la musique minimaliste et répétitive. Sa musique est empreinte de sonorités du quotidien, de discours et de chants répétés ou discontinus, il confronte alors dans ses œuvres les musiques populaires non-occidentales à une construction savante donnant ainsi à l’ensemble un dynamisme palpant les pulsations urbaines. Ce mélange des genres est particulièrement apprécié du public, et l’est encore pour très longtemps.

                                                            

                                                                                                                                                                              

 

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