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Karlzein Stokhausen (1928 - 2007)

 

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Karlheinz Stockhausen est le seul compositeur de musique contemporaine à avoir exploré et expérimenté tous les champs importants de la recherche musicale depuis les années 1950. Il représente également l’une des personnalités les plus fortes de la musique actuelle et est l’un des deux grands chefs de file de musique contemporaine avec Pierre Boulez. Dans tous les domaines, il a ouvert des voies nouvelles et l’essentiel de son travail se construit autour de la musique électro-acoustique, de la spatialisation du son et, ces dernières années, de longs cycles qui aboutissent à des œuvres monumentales.   

 

Apprentissage :

Né à Mödrath, près de Cologne, le 22 août 1928, Stockhausen fait ses études à la Musikhochschule de Cologne (1947-1951) avec Hans Otto Schimitt-Neuhaus (piano), Hermann Schröder (harmonie et contrepoint) et Frank Martin (composition), tout en cumulant des petits boulots (pianiste de jazz dans les bars, travaille en usine, comme gardien de parking…). L’été 1951, il participe pour la première fois aux Cours d’Eté de Darmstadt, le nouveau lieu d’expérimentation des tendances musicales les plus avancées de l’après-guerre, et fait alors la découverte du sérialisme intégral avec une œuvre d’Olivier Messiaen, « Mode de valeurs et d’intensité », qui sera déterminante pour ses recherches à venir ; le résultat est « Kreuzpiel » pour six instrumentistes (1951).

L’année suivante, il s’installe à Paris, rencontre Darius Milhaud et débute ses recherches sur le son dans une voie similaire à celles de Pierre Boulez et Luigi Nono (exploration intégrale de l’univers sonore à travers ses timbres, ses hauteurs et ses plans d’interférence). Il travaille aussi à cette époque au Studio de musique concrète de la Radio Télévision Française (RTF) sous la direction de Pierre Schaeffer, où il aborde le domaine expérimental (analyse du son…), mais s’en éloigne vite. Il se tourne dès lors vers un travail sur la structure oscillatoire du son, c’est-à-dire vers la musique électronique. Grâce à des appareils électro-acoustiques qui permettent de déterminer les propriétés des sons, Stockhausen se rend compte que ce que l’on nomme « son » en musique s’avère être une structure oscillatoire de nature plus ou moins complexe parvenue à notre oreille.

En 1953, Stockhausen revient à Cologne et travaille dans le studio nouvellement établi à la radio ouest-allemande, et le 18 octobre de cette même année, le premier concert de musique électronique est donné à la WDR (Westdeutscher Rundfunk), avec des œuvres de Eimert et Beyer, ainsi que deux de ses premières études électroniques : « Studie I » pour un à six sons sinusoïdaux, et « Studie II », donnant le coup d’envoi à ce nouveau genre musical, baptisé en Allemagne, Elektronische Musik. Avec cette approche utilisant la musique électronique comme matériau de base des sons artificiels produits uniquement par des générateurs de fréquences électroniques, Stockhausen, insatisfait, va briser les barrières entre l’instrumentation conventionnelle et les sons électroniques.

 

Conception du langage :

De cet éclat va naître alors « Gruppen » (1955), composée pour trois orchestres placés dans différentes parties de l’auditorium. Il reprend cette idée dans la musique électronique avec « Gesang der Jünglinge » (chants des adolescents) en 1956, conçu pour plusieurs séries de haut-parleurs. Il y mélange, dans un même continuum, la voix de jeune garçon et des sons électroniques : c’est l’une des œuvres fondatrices de la musique électroacoustique et de la spatialisation du son. Cette œuvre est devenue immédiatement une œuvre de référence.

Le temps musical est également l’une des préoccupations majeures du compositeur : avec Zeitmasse (1956), les solistes jouent simultanément dans des tempi différents, l’un accélérant pendant que l’autre ralentit.

De 1954 à 1960, Stockhausen compose ses œuvres majeures, qui le populariseront et lui permettront de les diriger à travers le monde, sur le principe de la musique aléatoire. En introduisant un certain taux d’indétermination et de formules aléatoires mieux contrôlées et profondément différentes de celles de John Cage, il compose le « Klavierstücke XI » (1956), la première œuvre aléatoire et l’une des plus célèbres pièces du répertoire contemporain pour le piano – avec la « Troisième Sonate » de Boulez.

Mais très vite, Karlheinz s’intéresse à de nouvelles problématiques et compose des œuvres « mixte » pour instruments et électronique spatialisée, telle « Kontakte » (1959) pour électronique, piano et percussion qui met littéralement « en contact » les timbres électroniques gravés sur bande et ceux, traditionnels, des instruments.

Nouvelle apothéose de sa pensée créatrice avec « Momente » (1962-1964 ; achevés en 1969), œuvre dans laquelle il effeuille de nouvelles techniques de collages et de citations, et présente le concept de Momentform ; travail fondé sur des « moments », entités formelles plus importantes et plus autonomes que les « groupes », dont l’ordre est laissé en grande partie au choix des interprètes.

         

Avec « Mikrophonie I » (1964), « Mixtur » (1964), « Mikrophonie II » (1965), « Telemusik » (1966), « Prozession » (1967), Stockhausen poursuit la synthèse de la musique électroacoustique et des sources sonores traditionnelles et culmine ses recherches avec « Hymnen », pour quatre solistes et sons électroniques et concrets (1966-1967), une vaste fresque avec comme matériau de base de nombreux hymnes nationaux.

En dehors de la composition, Stockhausen voue une partie de son temps à l’enseignement et attire vers lui de nombreux disciples ; aussi il fonde un petit groupe d’interprètes destinés à pratiquer musique électronique et musique instrumentale. Grâce à ses cours à l’étranger, ses voyages l’amènent en Inde et à Bali, deux civilisations sui vont le marquer et l’inspirer (Inori, 1973-1974).

En 1968, Karlheinz traverse une période « narcissique », et au retour d’un voyage au Mexique compose « Stimmung », pour six vocalistes, une œuvre proche du silence suscitant une impression d’envoûtement et de méditation. Avec « Mantra » (1970), pour deux pianos, deux modulateurs en anneau, deux wood-blocks et deux jeux de cymbales, il revient sur la mixité de l’électronique et de l’instrumental ; de même avec « Trans » (1971) pour orchestre et bande magnétique, « Ylem » (1972) pour 19 musiciens, ou « Musik im Bauch » (Musique dans le ventre) pour six percussions et boîte à musique (1975).

Après cette période difficile donc de 1968, Stockhausen s’engage dans une tournée où il exécute pendant de longs mois ses propres œuvres.

 

Des cycles et des opéras :

C’est à partir de « Tierkreis » (1975-1976), ensemble de douze mélodies sur les signes du zodiaque, que Stockhausen se lance dans l’entreprise de grands cycles. Ces derniers culminent notamment avec « Licht », un cycle de sept opéras sur chacun des jours de la semaine et dont le premier « Donnerstag aus Licht » fut composé entre 1977 et 1980, pour 14 acteurs musicaux, chœur, orchestre et bande.

Tout en composant son « opéra », Stockhausen produit également de nombreuses œuvres composées au gré des circonstances ou donne des pièces issue de la partition globale de « Licht » indépendamment au concert ; ainsi le célèbre « Helikopter Streichquartett », issu de « Mittwoch aus Licht » (1993) ou chacun des instrumentistes officie dans un hélicoptère, au rythme du tournoiement des hélices.

Aujourd’hui, Stockhausen continue toujours à composer et entame un nouveau cycle, Klang, sur les 24 heures de la journée. Il est d’ailleurs prévu de donner la Sixième heure, « Elektronic Musik COSMIC PULSES », en première mondiale le 7 mai 2007, à Rome. Malheureusement, nous ne pourrons pas en savoir plus sur ce nouveau cycle puisque Stockhausen s'est éteint le 5 décembre 2007 à Kütren (Allemagne). Il a écrit plus de 250œuvres qui sont, selon, toutes imbriquées et qui ne finissent plus que par former un seul ensemble.

 

La musique contemporaine est souvent d’approche difficile, voire répulsive : son appréciation vient avec le temps et la maîtrise des codes peuvent sembler ridicules à certains. Stockhausen est peut-être l’un des rares compositeurs que l’on peut aimer sans disposer de tous ces codes et qui a su influencer la musique actuelle. Seul le XXI° siècle pourra juger l’œuvre et l’impact de Stockhausen avec pertinence. Il est heureux qu’un tel compositeur existe, qui, envers et contre tout, continue de composer, animé d’une rare confiance en une postérité meilleure. Cela, au moins, impose le respect !

                                                                                                                                                                          

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