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Don Carlo Gesualdo (v. 1561 - 1613)

                              

Prince de Venosa et comte de Conza, Gesualdo est considéré comme un compositeur marginal, excentrique, réputé pour avoir assassiné sa première femme. Sa musique traduit parfaitement l’esprit étrange de cet homme, multipliant les effets, attachant une grande importance au chromatisme dans cette Renaissance tardive et annonçant par là-même les prémisses du Baroque. Qualifié de « génie hors pair », il a su allier sa maîtrise du contrepoint et ses recherches harmoniques, conduisant de nombreuses fois à des dissonances fort peu convenues pour son époque.

                                                                                                                                                                                

Un homme excentrique :

Né vers 1561, Don Carlo Gesualdo est issue d’une des familles les plus nobles et les plus anciennes du royaume des Deux-Siciles. Il est le deuxième fils de Fabrizio Gesualdo et de Girolama Borromeo, nièce du pape Pie IV, et son oncle n’est autre que le cardinal Carlo Borromeo, qui lui assura toute sa protection tout au long de sa vie couverte d’excès.

Son père, compositeur amateur, fonde une académie musicale pour son fils afin que celui-ci développe ses dons musicaux précoces. En effet, le jeune Don Carlo jouait très tôt du luth, chantait et s’essayait même à la composition. Cette académie, fréquentée par des musiciens comme G. de Macque, Bartolomeo Roy et P. Nenna, allait bientôt rivaliser avec la Camerata Bardi, fondée à Florence quelques années plus tard. Nenna fut le principal professeur de Carlo et lui enseigna entre autre l’art du madrigal.

En 1586, Gesualdo épouse sa cousine Donna Maria d’Avalos. Cette union ne fut guère heureuse et se termina dramatiquement. Gesualdo délaissa rapidement son épouse, qui trouva consolation dans les bras du duc d’Andria. Surprenant le couple (1590), il fit assassiner (ou assassina lui-même) les deux amants. Il sombra dans la folie, peu de temps après, faisant étouffé son fils, doutant même de sa légitimité !

Redoutant la vengeance des familles, Don Carlo s’enfuit  dans son château de Gesualdo. Grâce à l’intervention de son oncle cardinal, il signa un contrat de mariage avec Eleonora d’Este, fille d’Alfonso d’Este, duc de Ferrare (1593). Ce second mariage ne fut pas non plus très heureux, mais Eleonora réussit à le ramener dans la foi de l’Eglise.

 

                                               

                                                                       Chateau de Gesualdo (aujourd'hui)

 

Après avoir vécu dans l’isolement de son domaine, Gesualdo se trouva fortement stimulé par la vie musicale intense de la cour de Ferrare. Cela lui permit de se lier d’amitié avec des compositeurs tels que Luzzasco Luzzaschi et d’autres virtuoses de la cour ducale.

Il retourna dans son château (1595), accompagné de son épouse, et entreprit la création d’une maison musicale, allant même jusqu’à engager un imprimeur. Toutefois, sa santé mentale n’étant pas stable, Gesualdo décline, souffre de mélancolie. Il maltraite sa femme, dont la famille entama une procédure de divorce et perdit dans la foulée ses deux fils (le premier en 1600), ne laissant derrière lui aucun héritier direct.

Don Carlo Gesualdo meurt à Avellino le 8 septembre 1613.

 

Une musique audacieuse :

Gesualdo est certainement l’un des derniers musiciens de la Renaissance. Son œuvre se divise en deux catégories : la musique profane et la musique religieuse, chacune correspondant à un époque déterminée. Il laisse une production vocale assez importante, comportant 110 madrigaux à 5 voix, un livre de madrigaux à 6 vois, deux livres de motets et un livre de répons. En 1958 fur découvert le manuscrit d’un recueil de Gagliarde a 4 per suonare le viole et d’une Sinfonia a quattro antiche, constituant ainsi son apport au domaine de la musique instrumentale.

 

                                                       

                                                         Gesualdo, Premier Livre de Madraigaux à cinq voix (1594)

 

A travers ses livres de madrigaux, on peut suivre l’acheminement de la pensée musicale de Gesualdo, tenant l’expérience d’un langage nouveau, libre et sans contraintes. Quant à son expression, elle est souvent peinte d’angoisse, parfois violente, sublimant le texte à chaque occasion.

Dans sa musique, Gesualdo accorde une importance conséquente au chromatisme. Même si celui-ci était déjà privilégié des maîtres de la Renaissance au cours du XV° siècle, Gesualdo en fait étal dans ses œuvres. De même, en multipliant des retards incessants, il donne une musique nouvelle, dans le seul but de viser à l’expression des sentiments, plus qu’à la peinture musicale de certains mots. Tous ces éléments mis en relief par une déclamation bien choisie le met en marge de ses contemporains tels que Marenzio ou Monteverdi et le place dans un univers à part. Cela n’empêche pas moins que certains de ses éléments musicaux eurent une grande influence sur l’élaboration de la musique baroque.

 

  

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