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Gabriel Fauré : Nocturne n°9

 

Gabriel Fauré est l’héritier de Chopin : si lui non plus refuse les titres et les programmes au profit de formes « pures », tels les préludes, les barcarolles, valses et nocturnes, impromptus et variations, il ne peut qu’écrire de la musique « gracieuse » et jamais rien de laid ou d’exagéré.

Treize : c’est le nombre de Barcarolles et de Nocturnes inscrits au catalogue fauréen. Chacune de ces pièces entoure la vie de ce compositeur : en quarante-cinq ans de carrière et avec de nombreuses interruptions et réflexions, les treize Nocturnes nous montrent les changements musicaux de Fauré, révélant, comme c’est également le cas dans sa musique de chambre, les trois périodes qui jalonnent sa vie musicale.

 

Les Nocturnes :

Si les premiers prennent modèle fidèlement sur Chopin en usant des procédés techniques que ce dernier avait épuisé jusqu’à saturation, Fauré dépose néanmoins sa touche personnelle avec une sensibilité harmonique plus accrue, un phrasé plus libre et un abandon sans mesures, et la fusion du style musical du « maître » avec celui de « l’élève » donne quelque chose d’inattendu, du moins pour les quatre premières pièces.

Avec les Sixième et Septième Nocturne, un autre palier est atteint car sa musique devient alors littérature avec des parures riches et des développements amples. Quant aux Nocturnes de la dernière période, le dépouillement est maître du jeu et les fleurs parfumées des premières pièces fanent devant la nuit, terrible et épaisse caractérisant ces dernières pièces.

 

Le Neuvième Nocturne :

Composé et publié en 1908, le Neuvième Nocturne op.97 en si mineur, est une page brève qui laisse une impression d’inachevé ; impression rarissime chez Fauré dont le caractère jusque-boutisse est très fort.

Avec ce morceau, Fauré semble se confier à son journal intime, s’adresser à lui-même et non plus au public des Nocturnes précédents. Terminé les grands discours et les belles phrases amples. L’économie des pages nues est révélateur de sa dernière période musicale.

Ce Nocturne ne possède qu’un seul thème, au caractère inquiétant et suppliant (quasi adagio) ; qui aime se balader entre les différentes voix, entouré de syncopes. L’écriture est à quatre ou cinq voix, toutes dépouillées ou presque, incisées de silences.

Après une exposition d’une grande beauté vient le développement fondé sur le matériau initial de l’œuvre et qui semble perdre son chemin à travers les diverses marches harmoniques cassantes. Aussi, pour faire oublier tant de dureté, il nous entraîne dans une coda modulante à souhait avec un nouveau thème, lyrique et ample, donnant toute sa beauté à l’œuvre.

                                                                                                                                                                                                            

 

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